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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 09:59

On le disait déjà il y a 20 ans, les boîtes à rythmes sont d'une précision inhumaine. Aucun batteur, aucun percussionniste ne peut aligner une telle régularité rythmique ( à part peut-être Lars Ulrich de Metallica qui peut varier son jeu au BPM près ).

 

Et c'est bien ce qui rebutait les anti-techno : le rythme ne reflétait pas une pulsation humaine...

 

Force est de constater que les rythmes dirigés par ordinateur sont devenus la norme de la musique populaire à l'exception du jazz traditionnel et de la musique classique.

 

Après le rythme l'autre dimension de la musique, l'harmonie, est également concernée par le progrès technologique. En cause, le logiciel Auto-Tune qui depuis 13 ans permet de corriger en temps réel les petites fautes de justesse des chanteurs.

Conséquence : notre oreille devient hyper-sensible à la justesse et encore une fois seules les musiques classique et jazz semblent épargnées. A quand les artistes et le spectacles garantis "sans modifications informatiques" ?

 

Pour aller plus loin, ré-écoutez "Le mot du jour" de Pierre Charvet sur France Musique :

 

 

et lire l'article suivant, vu sur Rockmarshall :

 

Chanter sans fausse note, avec la justesse d'une diva pop, jazz ou classique? C'est à la portée de tous. Ou presque. Et ce, grâce à l'Auto-tune.

Ce logiciel professionnel réussit le petit miracle de gommer les erreurs de chant et de fausses notes commises durant l'enregistrement d'un disque. Accessible à tous pour environ 600 euros, il est devenu, depuis dix ans, monnaie courante dans l'industrie du disque. "De Mylène Farmer à Madonna, tout le monde l'utilise, même les bons chanteurs", assure un producteur soucieux de garder l'anonymat pour mieux ménager les susceptibilités. "Seuls Céline Dion ou Charles Aznavour peuvent s'en passer", assure Gonzales, chanteur, pianiste et coproducteur avec Renaud Letang des albums de Jane Birkin, Philippe Katerine, Feist ou Dani.

Même la musique classique y aurait recours pour corriger une fausse note dans un concerto de violon enregistré en live.

 

Un effet Photoshop appliqué à la musique

 

Grâce à l'Auto-tune, également utilisé en concert, Britney Spears ou Paris Hilton peuvent ainsi donner l'illusion de chanter juste. Une petite tricherie? "L'Auto-tune ne transformera jamais un mauvais chanteur en virtuose. Il officie simplement comme un correcteur, mais il n'agit pas sur d'autres paramètres essentiels comme l'intention, l'expressivité, le charisme ou la prononciation du chanteur", précise Gonzales, lui-même adepte de l'Auto-tune pour ses albums.

 

Un point de vue partagé par Jean Lahcène, ingénieur du son réputé: "Sacha Distel refusait d'entendre sa voix traitée par l'Auto-tune. Quand je lui ai dit que Dionne Warwick et Barbra Streisand recouraient à ce logiciel, il a vite changé d'avis. La plupart du temps, ça se fait sans que l'artiste le sache. Il se fout de savoir si sa voix a été "auto-tunée" ou non. Seul le résultat compte."

 

Pour d'autres, l'Auto-tune serait synonyme d'uniformisation et de standardisation de la production discographique. "Les maisons de disques le préconisent de plus en plus du fait de la pression des radios commerciales... Mais il s'agit surtout des projets commerciaux où le marketing et le formatage dominent", souligne Franck Redlich, ingénieur du son pour Louise Attaque ou Louis Chedid. Bertrand Burgalat, chanteur, compositeur et producteur (notamment pour Valérie Lemercier), refuse mordicus le recours à l'Auto-tune: "Du coup, on trouve mes productions approximatives, mais je l'assume totalement."

Selon lui, l'Auto-tune aurait le même effet "néfaste" que le logiciel Photoshop sur l'image, la physionomie, donc notre perception du corps et de la beauté: "Les pubs et les magazines de mode nous ont habitués à des visages et des corps de rêve, mais totalement retouchés. De la même façon que Photoshop fausse notre regard sur la beauté, l'Auto-tune fausse et change notre écoute de la voix humaine. La perfection devient la norme. Or l'émotion passe aussi par les aspérités, les dissonances et les fausses notes."

 

Un point de vue partagé par Franck Eldrich: "La preuve vivante, c'est Dylan, avec sa voix nasillarde et ses fausses notes. Je ne suis pas certain que le charme aurait opéré de la même façon si sa voix avait été retouchée par l'Auto-tune."

 

Cher, avant Britney Spears

 

Mais l'Auto-tune possède également un potentiel créatif quand il est détourné de sa vocation "uniformisante". Conçu pour être imperceptible, l'Auto-tune avait été utilisé de façon déformante par la chanteuse Cher dans son morceau Believe (1998). Résultat: une voix, devenue mutante, distordue et synthétique, dans la tradition du Vocoder et du Talk Box, deux instruments de traitement de la voix respectivement utilisés dans l'électro et la funk.

 

Spécialistes du détournement de la technologique à des fins artistiques, les rappeurs ont exploré cette possibilité pour faire de l'Auto-tune un instrument à part entière. Sous l'influence de rappeurs comme T-Pain, considéré comme un virtuose dans ce domaine, le recours à l'Auto-tune devient synonyme de parti pris esthétique: déformer et agir sur le timbre de la voix, sa texture sonore... "Un peu comme un robot qui pleure", précise Gonzales. Désormais, l'Auto-tune s'impose comme la tendance des musiques hip-hop et pop. Il figure dans la majorité des tubes du moment. De Britney Spears (Kill the Lights) au rappeur français Booba (Illégal). Au risque de la saturation. Même si certains tirent leur épingle du jeu comme le rappeur Kanye West qui, dans son dernier album, 808's and Heartbreak, apporte un supplément d'âme à ses compositions grâce à un usage pertinent et inspiré de l'Auto-tune. Là encore, tout est question de dosage et de talent.

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